L'Esméralda détruite par un incendie criminel
La discothèque l'Esméralda, implantée sur la base de loisir de Sesquières, a été entièrement détruite par un incendie dont l'origine serait criminelle hier, peu après 4 heures du matin. Il suffit, depuis le périphérique, d'observer la tour entièrement carbonisée qui s'élève encore au-dessus du complexe le KL pour comprendre l'ampleur du sinistre.
Le feu sera parti dans la grande salle de l'Esméralda, une des trois boîtes du KL, fermée le dimanche. A cette heure-là, seul un vigile était présent. Incommodé par les fumées, il a été soigné sur place par les pompiers. Dans une pièce contiguë, la discothèque le Bal a aussi été touchée. Au total, entre 1000 et 2000 m2 ont été directement dévastés par le feu.
La boîte La Dune, qui accueille les fans de techno, a, elle, été endommagée par les fumées et l'eau utilisée par les pompiers. Elle est pour l'instant fermée.
flammes sur le toit« À notre arrivée, tout était embrasé et la toiture était déjà percée par les flammes », indique un pompier. La salle de l'Esméralda, qui comprend un entresol, est pourtant haute d'une dizaine de mètres. Preuve de l'intensité du feu et, peut-être, de l'utilisation de produits inflammables.
Au plus fort de l'incendie, une cinquantaine de pompiers ont été mobilisés ainsi qu'une dizaine de véhicules. Le feu a été attaqué à la fois de l'intérieur du bâtiment et de l'extérieur grâce à un camion échelle. Mais les poutres ont menacé de s'effondrer et les pompiers ont dû se replier.
Hier, un vaste périmètre de sécurité imposée par la police était toujours en place. Les pompiers ont aussi maintenu un dispositif. Un expert incendie et des techniciens du Laboratoire de police scientifique de Toulouse sont venus inspecter les décombres. D'abord en charge de l'enquête, le Service d'investigations judiciaires de la sûreté a été dessaisi hier après-midi au profit de la Police judiciaire.
Le KL: trois boîtes en uneLe complexe KL, l'ancien Aqualand de Toulouse, comprend trois boîtes : l'Esméralda (pour les 30-40 ans), le Bal, dans une salle attenante, et La Dune, accessible depuis une autre entrée et qui s'adresse aux plus jeunes. L'Esméralda et la Dune peuvent recevoir chacune près de 3 000 personnes. Elles forment, après l'Oméga dans le quartier Montaudran (onze salles, 10 000 m2, capacité de 7 000 personnes), le deuxième pôle de la nuit toulousaine. Lors du récent festival Inox, la Dune a accueilli la crème des DJ français et étrangers et elle s'apprêtait à recevoir David Vendetta ce samedi. « Je suis certes un concurrent mais d'abord et avant tout un collègue. Je suis de tout cœur avec eux », a réagi Jean-Jacques Lasserre, le patron de l'Omega. C'est à l'Esméralda que le personnel des établissements de nuit toulousains a l'habitude de se retrouver pour fêter, en décalé, en début d'année, le Réveillon.
« Nous n'avons reçu aucune menace »« C'est comme si le sol s'effondrait sous nos pieds. Nous sommes une entreprise comme une autre et aujourd'hui, cent salariés se retrouvent sur le pavé », a réagi hier, très affecté, René Viteur, le Pdg de l'Esméralda.
L'origine criminelle de l'incendie ne fait aucun doute pour vous ?
Aucun. Notre société de télésurveillance a détecté l'effraction d'une porte côté terrasse de l'Esméralda à 4 h 04. Et à 4 h 09, elle détecte un incendie.
Qui peut vous en vouloir ?
Je ne sais pas. N'importe qui. Nous n'avons reçu aucune menace. Ce n'est pas non plus une guerre des boîtes de nuit qui n'existe pas à Toulouse. Peut-être des gens à qui on a refusé l'entrée… Aujourd'hui, la violence explose à partir d'un rien. Ils ne réalisent pas en tout cas qu'ils mettent toute une entreprise en danger et des gens au chômage. J'espère que les policiers trouveront.
Quel est l'avenir de l'Esméralda ?
Le préjudice matériel est énorme. Je dirais 7 à 8 Md'€. On va reconstruire. Le bâtiment ne devrait pas être rasé.