un petit salut de la run a tous les stunteurs !
Aymeric.
Mardi soir, 20H15.
Le téléphone sonne, je me précipite pour décrocher, c’est LE coup de fil que j’espérais depuis deux semaines !!!
« Demain au port à 06H tu es ok ? » Bien sur pas de problème, à demain !
Cette fois ci c’est lancé ! Après une courte nuit (impossible de dormir à partir de 4H du mat …), levé sans difficulté pour ce genre de circonstances, j’ai sauté dans la voiture, direction le port de Ste Marie (visible sur google earth en bout de piste de l’aéroport de St Denis de la Réunion).
Mercredi, 5h40.
J’arrive au bateau, le « capitaine » est déjà la, le matériel est dans le bateau, les cannes sont dans leur socle, tout est prêt ! Aujourd’hui ont va chercher le gros !
Un peu déboussolé, je prends place à l’avant du bateau, on détache le bateau, on sort du port doucement, le soleil n’est pas encore levé, il est 6H du matin.
Même pas sorti du port, le capitaine me demande de me placer a l’arrière du bateau : « le bateau pique du nez » on se demande bien pourquoi …
Ca y est, on est en mer, l’océan indien est particulièrement calme ce matin, une très légère houle, quasiment une mer d’huile, le soleil se lève.
Le bleu de l’océan Indien, l’île de la Réunion qui s’éloigne doucement, le bateau qui navigue tranquille, le matériel de pêche qui attend son heure, c’est déjà un moment magique !
La navigation vient juste de commencer, je me retrouve aux commandes, cap au large, pendant que le capitaine tend les lignes.
Quatre cannes, trois équipées de leurres de surface à jupes, et une d’un poisson nageur de belle taille modifié maison.
Les leurres sont placés à ma grande surprise très près du bateau, les leurres des deux cannes intérieures travaillent à 10 m seulement du moteur, les deux extérieures sont a 20-30 m du bateau.
Le soleil se lève sur un moulin qui attend le départ.
On navigue à 2800 tours, 7 nœuds, toujours direction le large, la zone de pêche visée atteint 100m de fond, on est pour l’instant a 80m. Objectif : Thon Banane, Thon jaune, Dorade Coryphène.
Le capitaine donne les premières consignes en cas de départ :
-on ramène les autres lignes
-on prend la canne qui a le poisson
-on met le bateau au point mort pour le combat.
A peine ces consignes données, la canne extérieure gauche déroule, le capitaine dit : « voilà, c’est ça un départ », en quelques secondes, je reprends les commandes du bateau pendant que le capitaine ramène la canne intérieure gauche.
Il est 06h20.
Le problème c’est que le moulin continue à dérouler à une vitesse phénoménale, un moment de panique est en train de nous envahir, le départ stoppe pendant une seconde et reprend de plus belle, c’ est gros, très gros ! La canne est dans les mains du capitaine qui a enfilé la ceinture de combat, le nylon de 120/100 arrête enfin de dérouler, il reste à peine 200 m de fil dans le moulin, et c’est à ce moment, qu’au loin, un saut met tout le monde d’accord, un marlin vient de sauter entièrement au dessus de l’eau en se débattant dans tous les sens !
Un moment unique !
Il parait gros à 400 m de distance, le combat s’annonce difficile.
Le bateau est au point mort, j ai l’ordre de mettre machine arrière pour récupérer le plus de fil possible, mais le marlin commence a sonder, il est bien plus rapide que le bateau en marche arrière, et le fil continue à sortir du moulin, il faut se préparer à « ponter ».
La pêche au gros c’est un autre monde, je libère le leurre d’une canne équipée bien sûr d’un moulin rempli, le but étant d’être prêt à accrocher le moulin vide avec canne équipée d’un moulin plein et de balancer à l’eau le moulin vide !!
On passerait ainsi de 600 m à 1200 m de fil dispo (avec un moulin qui se balade en pleine mer…).
Le marlin a sondé, on est a 110 m de profondeur, il ne lâche rien, on ne reprend du fil qu’en manoeuvrant le bateau.
Le combat est rude, on reprend 20m de fil, non sans difficultés, il en reprend 10.
Il est 8H00.
Le moulin est maintenant bien garni, on a récupéré pas mal de fil, le marlin semble à bout de force mais impossible de le treuiller, il reste entre deux eaux utilisant son propre poids comme dernière défense.
C’est la fin du combat, on prend des mètres de fil assez facilement, soudain la masse apparaît à quelques mètres du bateau, dans un bleu profond, le marlin se laisse voir pour la première fois, il est à bout de force, c’est un monstre.
Il est 08H30.
La bête qui semble surpuissante se retourne sur le dos, cette fois c’est nous les vainqueurs.
Il est gaffé une première fois sans réagir.
Il faut se méfier, c’est un poisson dangereux, équipé de son rostre il peut embrocher n’importe qui en un coup de queue.
Le capitaine décroche l’hameçon, quelle stupeur, le marlin n’était quasiment pas harponné, l’hameçon n’est rentré que de 15mm, l’ardillon n’était pas planté, le moindre mou dans la ligne, c’était la décroche assurée.
Arrimé au bateau, cette fois c’est bon !
Il est 08H40.
La Dodo lé la pour fêter la prise.
On le monte dans le bateau, il est magnifique, il semble faire 3m de long !
Son corps respire la puissance brute, sa caudale est surdimensionnée, sa peau est dure comme du cuir.
La forme de sa caudale est surprenante avec ces deux ailerons de chaque coté, l’aviation n’a rien inventé !
Retour au port, la partie de pêche fut brève mais intense !
Hissé sur le ponton, on n’est pas trop de quatre pour le monter dans le Partner.
Le rostre touche le pare brise et on plie la queue pour fermer les portes arrières.
Il fait 2m85 de long pour plus de 160 Kg.
Je suis invité chez le capitaine le soir pour déguster du marlin au barbecue assaisonné à la Créole. Son dernier marlin sorti date de 2002, il faisait 90 Kg.
Un grand merci à Christian (le capitaine) de m’avoir invité sur son bateau, et de m’avoir fait vivre cette journée qui restera inoubliable.